Nouveau quai polyvalent du terminal bois, chantiers routiers et construction de magasins ultramodernes constituent les chantiers emblématiques auxquels s’attelle le DG du Port autonome de Douala (PAD), après avoir bouclé la première phase d’un plan de sécurisation qui rend le combinat portuaire quasi-infranchissable à toute intrusion.
Logé dans un environnement, hydromorphe, dans l’estuaire du fleuve Wouri, chaque travail de rénovation ou d’extension du Port autonome de Douala (PAD) est un défi immense. Dans le respect des normes environnementales, il faut dompter une nature de sol très poreuse pour y installer des infrastructures de trafic parfois hors normes. Ce 29 mars 2022, le DG du PAD, Cyrus Ngo’o est à l’honneur, devant les officiels venant de Yaoundé inaugurer le nouveau quai polyvalent du terminal Bois du Port de Douala-Bonaberi. Un monstre de béton et d’acier structuré à plus de 18 m de profondeur, composé de matériaux composites, longuement compactés, sur près de 07 m et recouvert de dalles en béton armé de 25cm.
D’une longueur de 217 m avec un retour d’angle de 10 m, le nouveau quai polyvalent est une réponse bien adaptée aux évolutions du trafic ; avec notamment un renforcement des capacités d’accueil. Désormais, les navires de type Supply qui ravitaillent les plateformes pétrolières pourraient eux aussi y accoster, tout comme bien d’autres ne nécessitant pas un tirant d’eau de plus de 05m.
La construction du nouveau quai polyvalent, par la Société Negri a engendré des travaux titanesques. « Il a d’abord fallu démolir intégralement l’ancien quai et sa plateforme délabrée, évacuer les gravats, afin de lancer les travaux de reconstruction du nouvel ouvrage avec des caractéristiques plus éloquent que le précédent quai. L’ancien quai faisait 150 m de long, le nouveau mesure 217 m avec un retour d’angle de 10 m qui le protège d’éventuels risques d’érosions qui pourraient être dues aux infiltrations d’eau qui à long terme auraient pu affaiblir son compactage et causer des risques d’affaissement », soutien Arnaud Lebrun, le directeur pour l’Afrique centrale de Negri qui a lui-même supervisé les travaux qui auront duré plus de deux ans et coûté 10 milliards de FCFA au PAD.
Une fois la destruction de l’ancien quai achevée, les équipes d’ingénieurs de Negri et de la maîtrise d’œuvre Studi International vont alors procéder à la mise en place des structures du nouveau quai polyvalent, avec notamment l’installation des rideaux de palplanches avant et arrière, le système de drainage des eaux, la mise en place des tirants reliant les deux rideaux de palplanches permettant une véritable consolidation du quai, tout comme les réseaux électriques et de fibres optiques dans des fourreaux souterrains et les chambres de tirage de ces câbles.
« Pour garantir une augmentation considérable du tirant d’eau, qui passe de 04 à 05 m, le nouveau rideau principal de palplanches est fondé à un mètre en avant de la magistrale de l’ancien quai et battu à une profondeur de 18 m. Le nouveau quai est soutenu par ce rideau principal de palplanches sur lequel est bâtie la poutre de couronnement qui est cette énorme masse de béton sur laquelle repose les navires lors de l’accostage », soutient Théodore Toko Dikongue, le directeur des Aménagement portuaires.
« Le quai polyvalent né des cendres de l’ancien, présente une plateforme de travail en béton armé dégageant une portance assurée de 13 tonnes par m2 ; alors que le précédent avait par contre, une bande bord à quai en pavés autobloquants de 13 cm d’épaisseur, et était dimensionné pour supporter une charge maximale de 04 tonnes sur chaque m2 », précise Théodore Toko Dikongue.
Extension du réseau routier
Pour faire du Port de Douala-Bonaberi le pôle de référence du Golfe de Guinée, des travaux de rénovation et d’extension de la voirie ont été lancés depuis plusieurs années ainsi que le remplacement des magasins vétustes.
Pour adapter les nouvelles voies de circulation dans l’espace portuaire au poids lourds du trafic et la faible nature des sols, le PAD a opté pour l’utilisation de la technologie innovante israélienne Neoloy, dans le domaine aval du combinat portuaire; conformément à son plan stratégique de développement qui prévoit notamment le développement des voies d’accès et de stationnement.
Avec son partenaire Road Vision, le Port développe de nouveaux kilométrages de voirie, parfaitement adaptés aux trafics, et à coût réduit. Cette technologie permet d’obtenir des réductions de plus de 25 % des matériaux utilisés avant pour tenter d’augmenter la portance des sols problématiques. « Pour l’aménagement des nouvelles voies de circulation du PAD, Road Vision utilise, en priorité, la membrane NEOLOY qui est une membrane cellulaire perforée fabriquée à partir du polymère NEOLOY plus résistant que le polyéthylène classique. Ce dispositif permet de confiner divers types de matériaux (sable, granulats, béton, etc.) en transformant des charges ou contraintes verticales en contraintes latérales uniformément réparties sur un large spectre d’environ deux fois et demi supérieur à la normale », apprend-on lors d’une présentation du chantier routier le 29 mars derniers au ministre des Transports, Jean Ernest Masséna NGALLÈ BIBÉHÈ.
En d’autres termes, le NEOLOY permet aux routes du Port de subir deux fois et demi moins de pression de trafic que d’habitude à travers une meilleure répartition de la pression verticale parfaitement dissimulé en horizontale.
Magasins dernière génération
Dans la dynamique actuelle, le PAD ne pouvait rester insensible à l’État de dégradation de ses capacités de stockage ayant plus de 60 ans d’âge et proche de la ruine. L’Autorité portuaire a alors décidé de réagir vigoureusement à travers un premier projet de reconstruction et de modernisation de 10 magasins cales dont les anciens étaient dans un état de vétusté avancée et d’insalubrité totale. Ils présentaient des murs lézardés, une charpente et des chenaux d’évacuation des pluviales vétustes et fortement corrodés, un affaissement généralisé des sols, des fuites d’eau pluviales tout azimut. Le tout faisant courir un énorme risque aux personnes et aux marchandises stockées.
Les nouveaux magasins sont une pure merveille technologique en la matière, garantissant les meilleures conditions de conservation des marchandises et un véritable confort de vie au personnel et usagers ; le tout dans un système de sécurité quasi-infaillible. Les nouveaux magasins comportent un bâtiment incorporé constitué d’un rez-de-chaussée et deux étages, abritant des bureaux, vestiaires et toilettes modernes. Chaque magasin est bâti sur 5 000 m2 de superficie avec une hauteur exploitable de 10 m; et pouvant supporter jusqu’à 14 tonnes de superpositions de marchandises sur chaque m2.
Pour une véritable restriction d’accès, les parties inférieures des nouveaux magasins sont faites de murs en béton armé et les parties supérieures de panneaux sandwich PIR. Une technologie innovante qui associe deux feuilles de tôles de bonne épaisseur renfermant entre elles un matériau composite acoustique et ignifuge. Ce matériau respectueux de l’environnement, et idéal pour les constructions soumises aux exigences très élevées en matière de résistance au feu, peut résister à des incendies pouvant atteindre 1 500 degrés Celsius de température, au moins pendant une heure; et présente de haute capacité d’atténuation acoustique et d’isolation thermique pour le confort des marchandises, des membres du staff et des visiteurs des magasins. La charpente métallique est aussi recouverte de panneaux sandwichs avec la même ambition de sécurité et de confort.