En élevant ainsi, Aboubakar Salao, l’ex-directeur général en charge de l’Exploitation de la BEAC, à titre exceptionnel, à la dignité de Chevalier dans l’Ordre National de la Valeur du Cameroun, le président camerounais, Paul Biya a voulu honorer celui-là qui aura été la cheville ouvrière du décollage des marchés des Titres Publics de la BEAC et de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC). Deux plateformes financières qui, à ce jour, ont permis aux États et aux entreprises de mobiliser plus de 10 000 milliards de FCFA.
La seule évocation du nom d’Aboubakar Salao suffit à raviver dans les mémoires, le succès retentissant des marchés financiers de la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (CEMAC). En l’élevant ainsi, à titre exceptionnel, à la dignité de Chevalier dans l’Ordre National de la Valeur du Cameroun, le président Paul Biya a voulu honorer celui-là qui aura été la cheville ouvrière du décollage des marchés des Titres Publics de la BEAC et de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC). Deux plateformes financières qui, à ce jour, ont permis aux États et aux entreprises de mobiliser plus de 10 000 milliards de FCFA. La distinction lui a été remise le 26 avril, à l’hôtel Hilton de Yaoundé, par le ministre camerounais des Finances, Louis-Paul Motazé; lors d’un cérémonie dédié aux acteurs financiers ayant, particulièrement, contribué à la construction de la place financière sous régionale et aux réussites des différentes sorties du Cameroun sur le marché, pour des opérations de mobilisation de fonds.
Dans le tournant historique de la restructuration de la grande place financière de la CEMAC, engagée en 2018, Aboubakar Salao aura été au centre de toutes les manœuvres, sous la supervision et la coordination de Abbas Mahamat Tolli, l’ancien gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). En février 2018, ce dernier lui confie la lourde responsabilité de procéder à la fusion de la BVMAC qui siège à Libreville, au Gabon, avec la Douala Stocks Exchange (DSX), basée au Cameroun. A l’époque, les deux institutions se font la concurrence et ne peuvent pas efficacement porter la grande confiance des investisseurs et celle des États, en quête de financement.
Un an plus tard, Aboubakar Salao parviendra à faire fondre l’ensemble les organes des deux marchés financiers de Libreville et de Douala, ceci pour mettre sur pied une seule institution reformée, avec comme régulateur la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (COSUMAF), basée au Gabon, et un marché secondaire unique pour les échanges de titres qu’est la BVMAC, installée dans les anciens locaux de la DSX à Douala. Le rôle de dépositaire central unique pour l’enregistrement et la conservation des titres sera provisoirement confié à la BEAC.
« Il aura été un élément essentiel de cette émergence de la place financière de l’Afrique centrale, en conduisant personnellement sous l’autorité du Gouverneur, l’unification en 2019 des deux marchés secondaires qu’étaient la Douala Stocks Exchange (DSX) et la BVMAC, qui siégeait à Libreville », a noté Louis Paul Motazé, le ministre camerounais des Finances au Hilton Hôtel de Yaoundé, le 26 avril 2024, avant de décerner à Aboubakar Salao, la précieuse médaille à lui décernée par le président camerounais.
Une véritable prouesse qui a déjà permis aux pays membres de la CEMAC et aux entreprises de la sous-région, de mobiliser plus de 2 500 milliards de FCFA sous forme de dette et de vente d’actions, par des opérations d’appel public à l’épargne.
Précurseur de l’envolée du marché monétaire de la BEAC.
Aujourd’hui à la retraite, après 35 années de carrière à la BEAC où il aura occupé la haute fonction de Directeur général en charge de l’exploitation en 2013, Aboubakar Salao a également énormément contribué à la réforme et à l’opérationnalisation du marché monétaire de la BEAC, ceci en sa qualité de gestionnaire de la Cellule de règlement et de Conservation des Titres (CRCT). Il s’agit d’une plateforme mise sur pied par la Banque centrale pour permettre aux États de mobiliser rapidement des ressources auprès des banques Spécialistes en Valeurs du Trésor (SVT). « Aujourd’hui, le marché monétaire connaît un succès remarquable, avec plus de 5 809 milliards de FCFA mobilisés par les pays membres, au 31 mai 2023 », se réjouit Louis-Paul Motazé. Et il poursuit : « Grâce à la modernisation des infrastructures de marché, l’intensification des actions de sensibilisation et de formation, ce marché s’est positionné comme principale source de financement des États de la CEMAC, surtout dans un contexte économique marqué par l’incertitude des marchés financiers internationaux, la hausse généralisée des taux d’intérêt et la rareté de la liquidité. C’est le lieu de féliciter les équipes de la cellule de règlement et de conservation des titres, d’abord sous la conduite de monsieur Aboubakar Salao, et actuellement sous la conduite de Monsieur Christian Rodrigue Otoly », note le ministre, pour conclure.
Le Cameroun se finance abondamment sur les marchés de la CEMAC
Créé en novembre 2011 par la BEAC, le marché des Titres publics émis par adjudication a pour vocation de fournir un cadre alternatif aux États de la sous-région, pour mobiliser les ressources nécessaires à la couverture de leurs besoins de financement et de trésorerie. Le trésor du Cameroun a été avec celui de la Centrafrique, les premiers à émettre des bons du trésor sur ce marché en 2011, pour un montant cumulé de 51,5 milliards, dont 50 milliards pour le Cameroun. En 12 ans, ce marché a connu un développement fulgurant, passant de 51 milliards à plus de 6 000 milliards d’encours de titres en 2024. Le dynamisme de cette plateforme financière est le fruit des reformes conduites par la BEAC, qui joue à la fois le rôle de régulateur, de dépositaire central, de Banque de règlement et d’entités chargées d’organiser les séances d’adjudication.
« Tout commerce en 2010, l’État du Cameroun intervient pour la toute première fois sur le marché sous-régional, avec l’émission d’un emprunt obligataire par appel public à l’épargne dénommée ECMR 5,6% net 2010 -2015, d’un montant total de 200 milliards FCFA. Cette belle expérience a été renouvelée en 2013 pour 80 milliards, 2014 pour 150 milliards puis 2016 et 2018 pour des volumes respectifs de 165 et 200 milliards. En 2022, le trésor émet sur le marché financier unifié, un emprunt de 235 milliards, d’une maturité inédite de 07 ans et, en 2023, un emprunt à taux multiples de 165 milliards FCFA », souligne Louis-Paul Motazé.
Parallèlement au marché financier, l’État du Cameroun a émis 7 lignes d’emprunt obligataire par appel public à l’épargne, pour un volume total de 1206 milliards FCFA.