Avec des réserves de change qui ont doublé en 04 ans, la Banque centrale dispose de plus de 7 000 milliards FCFA en monnaies étrangères, comme le dollars et l’euro, pour assurer les transferts de fonds de la CEMAC vers l’étranger.
Après avoir frôlé la dévaluation en 2016, la Banque des Etats de l’Afrique centrale(BEAC) a depuis 04 ans stabiliser les comptes extérieurs des Etats membres, et multiplie les exploits dans sa gouvernance et la régulation du FCFA d’Afrique centrale. Les avoirs extérieurs de la sous région ont simplement doublé, portés par une nouvelle politique de change très audacieuse qui centralise toutes les devises à la BEAC; et qui est très stricte dans la vérification de justificatifs de paiement hors de la zone monétaire. « Dans les résolutions prises par les chefs d’Etats en 2016 la première était d’éviter un ajustement monétaire. Aujourd’hui grâce à toutes les réformes engagées, grâce aux efforts que les Etats membres avaient déployés et aussi avec l’appui de nos partenaires, nous avons éloigné le spectre de la dévaluation, on a un niveau de soutenabilité aujourd’hui qui se traduit par la capacité de couverture de 4,5 mois d’importations des biens et des services, avec des réserves de changes qui sont estimées au-delà de 7 000 milliards FCFA, alors qu’on était à moins de la moitié de ce montant en 2016 », soutient le Gouverneur de la Banque, Abbas Mahamat Tolli dans un entretien dimanche 12 avril sur la chaîne panafricaine Afrique Média.
Le Gouverneur de la BEAC rappelle que la centralisation systématique de toutes les monnaies étrangères issues des contrats notamment miniers des Etats, des transferts de l’étranger vers la CEMAC et une justification de la légalité des envois vers l’extérieur est la clé de ce succès retentissant. « Nous avons également consacré le renforcement des rétrocessions à la Banque Centrale, en 2008 on était à 3 000 milliards FCFA de rétrocessions. En 2022, nous avons terminé avec 12.000 milliards de FCFA de rétrocessions des devises à la Banque Centrale, grâce aux moyens de suivi, aux recrutements du personnel spécifique, la mise en place des procédures, et la discipline instaurée également parmi les agents économiques, grâce à la réglementation de changes et la procédure de mise en œuvre de cette loi, nous sommes parvenus à renforcer notre politique de change, à renforcer la souténabilité extérieure de notre monnaie et à améliorer aussi l’exploitation de la Banque, mais d’avantage aussi les finances publiques, parce que c’est une réforme qui a des implications énormes. Ça permet la transparence des flux financiers sortants et entrants », précise le Gouverneur de la BEAC.
« Aujourd’hui si vous transférez des ressources, il faut justifier la source de ces revenus. Si vous êtes un investisseur étranger et que vous rapatriez vos ressources issues de votre investissement, eh bien, donnez la certitude, la preuve que vous avez payé l’impôt, ce qui a également les effets sur les finances publiques, avant que les opérations de transferts ne soient effectuées. Donc c’est ce que le monde entier fait aujourd’hui pour s’assurer que le flux illicite ne circule pas dans nos zones, et dans nos pays », ajoute Abbas Mahamat Tolli.
La BEAC hautement rentable
Après les turbulences des années 2010-2016 causées notamment par l’effondrement des cours du baril de pétrole , la BEAC est désormais très rentable. « Pour l’exploitation de la Banque, on avait un déficit structurel de 9 milliards FCFA à l’arrivée, en 2018 nous sommes passés à 14 milliards FCFA de bénéfice, environ 19,8 milliards en 2019, 30, 9 milliards en 2020, à peu près 50 milliards en 2021. Nous sommes entrain de clôturer les comptes de 2022 avec un résultat de 114 milliards de FCFA », déclare le Gouverneur de la BEAC.
Une Banque centrale transformée
Les résultats excellents engrangés par la Banque centrale ces 04 dernières années, ont été dopés par des réformes très ambitieuses qui ont porté leurs fruits. » En ce qui concerne le système financier, on a eu également des évolutions majeures à ce niveau, on a la réglementation qui fait la réforme de certaines microfinances, les textes sur les payements électroniques, le contexte a évolué, il y a aussi des dispositions à cet égard qui sont dans la réglementation de change. Nous avons construit un texte spécifique pour réglementer les payements électroniques dans la zone. Nous avons aussi mis en place le cadre juridique de tout ce qui concerne la finance islamique, nous avons créé de nouvelles plateformes pour ce qui concerne l’inter opérationnalité des payements mobiles. Aujourd’hui, les citoyens de la CEMAC peuvent envoyer et recevoir jusqu’à un maximum de 5 millions FCFA par jour sur les téléphones, donc pas nécessaire de passer par des sociétés de transfert d’argent que nous connaissions par le passé. Cela traduit une évolution majeure et de facilité dans les transactions », déclare Abbas Mahamat Tolli.
Sur le marché des titres publics, avec les réformes des politiques monétaires, on est passé de 900 milliards FCFA à 5 300 milliards FCFA , ce qui a permis de renforcer de manière substantielle la capacité des trésors publics à lever des ressources et accroitre sur ces marchés l’investissement public. « Nous avons également la fusion des structures des marchés boursiers de la BVMAC à Libreville, la DSX à Douala avec le régulateur unique qu’est la COSUMAF. Aujourd’hui nous avons un marché secondaire unique, qui est la BVMAC et le rôle de dépositaire central est assuré par la Banque provisoirement. Depuis cette fusion, nous avons commencé à partir de 2019, les actions visant à rédynamiser les différentes structures des marchés en passant par des plans d’affaires, on a fait des études sur la situation, et des mesures concrètes ont été dégagées à la suite de ces audits qui sont entrain d’être mise en place. À cet égard il y a eu beaucoup d’efforts sur la refonte de tout ce qui est texte réglementaire au niveau de la COSUMAF, le recrutement des nouveaux dirigeants par voie de concours, il y a M. Louis Mbanga-Ntolo qui est le directeur général de la Bourse, et à la société des bourses le niveau des cotations depuis cette période a augmenté de 300 %, on est passé de trois sociétés cotées en bourse à sept, 17 entreprises attendent leur introduction à la bourse », soutient le Gouverneur.
» J’en profite aujourd’hui pour remercier les Etats qui ont bien voulu ouvrir le capital de leurs sociétés, des sociétés parapubliques et d’autres entités à la bourse, les efforts sont en cours pour l’introduction de ces sociétés. Nous avons aussi les mêmes évolutions encourageantes sur le compartiment obligataire. On est à une capitalisation avoisinant le milliard et nous continuons nos actions pour parachever les introductions des sociétés en bourse, continuer à mobiliser les plateformes techniques de la société de bourse, et nous assuré également que la bourse entant que société reste solide dans son assise financière, se modernise d’avantage et apporte une alternative crédible et durable au financement bancaire « précise-t-il.