Les travaux d’Hercule engagés par le Directeur général du Port autonome de Douala(PAD), Cyrus N’Go’o – depuis l’endossement de la vision stratégique du chef de l’Etat, Paul Biya de faire du combinat portuaire la place de référence du Golfe de Guinée – auront définitivement poussé le manager dans la fausse aux lions. Malgré le soutien de la plus haute autorité de l’Etat, le DG du PAD, pour chaque implémentation des grandes orientations dans cette dynamique, doit faire face à des « nébuleuses qui veillent sur des groupes d’intérêts occultes ». Cyrus N’Go’o vient d’être individuellement condamné à 06 mois de prison avec sursis et avec amende au profit de l’entreprise CANA BOIS SARL, qui avait été mise en demeure, pour non-paiement des redevances portuaires ; au terme d’un procès sans fondement véritable et sans aucune réquisition de l’autorité des poursuites qu’est le Ministère public.
Le DG du Port se retrouve une fois de plus épinglé par une justice aux décisions inédites, pour avoir simplement décidé, il y a 04 ans, de suivre les orientations du Gouvernement, par les instructions du Ministère des transports visant à accroître les revenus publics via une revalorisation de la taxation dans le secteur portuaire. Une condition posée dans des négociations d’un appui budgétaire de la Banque mondiale pour un renflouement des caisses de l’Etat, soumis à de fortes pressions liées notamment à l’effondrement des cours du baril de pétrole.
Le manager vient d’être traité en délinquant primaire, alors qu’il n’a fait que déclencher la batterie de procédures usuelles, sur la place portuaire en matière de revalorisation de la tarification. Pour la mise en place de la nouvelle grille en 2018, avec une préservation de la compétitivité et des normes, la Direction générale va instruire le Comité Consultatif d’Orientation du PAD (CCO’PAD) de procédé à son examen en octobre 2017. Celui-ci va émettre un avis favorable. Les nouveaux tarifs vont par la suite être approuvés par le Conseil d’Administration du PAD par une résolution fixant le régime tarifaire applicable aux prestations rendues par le Port. Il sera ensuite soumis au Comité Technique chargé d’examiner les demandes d’homologation des tarifs des services portuaires. Le 11 octobre 2017, le Directeur Général de l’Autorité Portuaire Nationale (APN) homologuait le nouveau régime tarifaire, sur la base d’une habilitation à lui donné par le Ministre du Commerce.
Les différents prestataires de la place portuaire vont tous se plier à cette nouvelle gris tarifaire, sauf un en particulier : la société forestière CANA BOIS SARL de l’homme d’affaires NASSAR BOU HADIR. Locataire d’une parcelle du domaine public portuaire d’une superficie de 24 521 m2, il va être mis en demeure par les services du recouvrement du Port Autonome de Douala, de solder les impayés qui se chiffraient en principale, au 20 juillet 2020, à la somme de 155, 48 millions de FCFA, sous réserves des pénalités dues ; en raison du manquement à ses obligations contractuelles et notamment le non-paiement des redevances locatives échues, conformément aux dispositions de son Autorisation d’Occupation Temporaire (AOT).
Le DG de CANA BOIS SARL devant le TCS
L’entreprise CANA BOIS SARL est alors mise en demeure, par les services du recouvrement du Port, de solder les impayés, sous réserves des pénalités dues. Face au refus de s’exécuter, l’AOT délivrée à la concernée par le PAD, est résiliée, conformément à la réglementation portuaire en vigueur. « Les produits de la redevance domaniale portuaire étant des deniers publics qui ne peuvent être retenues frauduleusement au sens de l’article 184 du Code Pénal par quiconque sans en assumer les conséquences, la Société CANA BOIS, ainsi que son Directeur Général, font l’objet de poursuites Judiciaires devant le Tribunal Criminel Spécial pour des faits de détournement de derniers publics », apprend-on après des autorités portuaires.
Condamnation systématiquement
Depuis l’éviction en 2019 du Consortium Bolloré-APMT au profit d’une reprise en main avec la RTC, Cyrus N’Go’o subit des représailles judiciaires aux condamnations quasi-systématiques. Aux premières heures de l’affaire, il a tout d’abord vu la procédure de sélection d’un nouvel opérateur stoppée net par le tribunal administratif de Douala. Une décision qui sera confirmée par-devant la chambre administrative de la Cour suprême de justice.
C’est à l’international, notamment, devant la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage(CCJA), qu’il aura finalement gain de cause avec une compétence déclaré de ladite Cour et un renvoi devant le tribunal de grande instance de Douala Bonanjo.
Le 10 novembre, contre toute attente, la Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale (CCI) de Paris ordonnait au PAD de relancer un nouvel appel d’offres et l’avait condamné à payer des dommages-intérêts à Douala International Terminal (DIT) de l’ordre de 3,9 millions d’euros.
Une décision incongrue qui avait poussé de nombreux experts, parmi lesquels Armand Hounto, consultant et expert en transports et logistique, spécialiste des questions maritimes et portuaires en Afrique – à décrier des » insuffisances manifestes déjà dans le contrat de concession de DIT en 2004″. « En Afrique, il existe en effet une marge d’amélioration dans la gouvernance portuaire et dans l’établissement des contrats de concession. Il serait notamment utile de revoir les instruments juridiques. Ces contrats sont souvent rédigés en marge des standards que nous enseignons », précise-t-il.
Un combinat portuaire transformé
Sécurisation des quais et des marchandises, réaménagement des voies d’accès, renouvellement de la flotte pour une gestion autonome du dragage, le Port poursuit sa mue pour renforcer son attractivité.
Après avoir injecté 45 milliards de FCFA dans l’acquisition de 06 engins nautiques en 2020, Cyrus N’Go’o franchissait une ultime étape, le 11 avril 2021, avec la mise en service d’un nouvel appontement pétrolier sur duc d’albe de 10 milliards FCFA, qui viendra réduire le temps de stationnement à quai des navires d’hydrocarbures et doper la sécurisation de l’ensemble du combinat portuaire, face au risque d’incendie que représentait l’installation de fortune, qui servait dans une grande précarité depuis la destruction totale de l’ancienne installation il y a plus 20 ans.
Dans cette même dynamique de transformation pour la compétitivité, les autorités portuaires étaient, le 09 août, sur les quais de la Régie du terminal à conteneur(RTC) pour la réception de 02 grues à quai qui vont accélérer les opération de manutention, en réduisant drastiquement le temps des opérations.
« Il s’agit plus précisément de deux grues mobiles de quai (mobile harbour cranes) neuves de marque KONECRANES GOTTWALD construites en Allemagne dans les ateliers du constructeur éponyme. Ces équipements du modèle GHMK 6507 Post-Panamax, c’est-à-dire capables d’opérer des navires de près 9600 conteneurs EVP et de 17 rangés de conteneurs. Ils ont une plus grande portée que le portique d’occasion acquis en 2017 par DIT et limité 15 rangées de conteneurs », martèle le management de la RTC.
Les nouvelles acquisitions de la Régie du Terminal à Conteneurs ont une capacité de levage : de 125 tonnes au crochet avec une capacité à faire du twin lift de conteneurs( porter deux conteneurs à la fois). Coût de cet investissement 6,02 Milliards FCFA.
Deux nouveaux lots d’équipements sont attendus au mois de septembre prochain et en janvier 2022. « Il s’agit respectivement de cinq grues de parc (reachstackers) et une grue de parc pour conteneurs vide (empty handler) également neuves de marque KONECRANES LIFTRUCKS ». Les grues de parc LIFTACE 4532 TCE sont capables d’entreposer jusqu’à 5 hauteurs de conteneurs pleins. Les grue de parc pour conteneurs vides SMV6/7 ECC 90 ont quant à eux la capacité d’entreposer jusqu’à 7 hauteurs de conteneurs vides. Coût d’acquisition, 1,84 milliards FCFA.
Le troisième lot attendu en janvier est constitué de 20 tracteurs portuaires (terminal trailers) de marque TERBERG. Ils ont été Construit par TERBERG BENSCHOP B.V ; – HOLLANDE pour un montant d’acquisition total de : 1,52 milliards FCFA.